Découvrir… Mangueira
Le 13 octobre 2014 : Actus | Étiquettes : Brésil, Carioca, Carnaval de Rio | No comments
Avec Portela et Tijuca, le Grêmio Recreativo Escola de Samba Estação Primeira de Mangueira est l’une des plus ancienne de Rio. Fondée le 28 avril 1928, par Cartola entre autres, l’école descend directement des cordões, les premiers blocs carnavalesques à peu près organisés. Le souhait de Cartola était de canaliser les malandros qui constituaient ces blocos, pour leur montrer la noblesse de l’héritage rythmique africain.
C’est Cartola, toujours, qui entérina le choix du nom. Estação Primeira vient du fait que Mangueira était le premier arrêt (estação = gare) des trains quittant la gare centrale pour rejoindre les quartiers populaires de la banlieue de Rio. Il fit également le choix des couleurs (cores) : le rose pour l’amour, le vert pour l’espérance.
Le Bloco Estação Primeira, de son premier nom, prend part au premier concours entre écoles de samba, avec Portela et Deixa Falar, qu’il gagnera.
Régulièrement vainqueur du carnaval (deuxième école après Portela à totaliser la plus grand nombre de victoires), Mangueira est toujours resté une des écoles favorites de Rio. Jusqu’en 1980, son plus mauvais classement est 8e du groupe spécial.
En 1984, lors de l’inauguration du sambodrome de Niemeyer, une compétition spéciale a lieu, où est élu un champion pour chaque jour de défilé, parmi lesquels un “supercampeõ” est choisi le week-end suivant. C’est Mangueira qui remporte cette distinction unique.
Par la suite l’école entame une période de “moins bien” descendant par 2 fois en 12e et dernière place du classement du groupe spécial. Mais même dans ces moments, l’école a toujours connu un succès critique et populaire.
C’est l’école de toutes les innovations. C’est à Mangueira qu’a été mise en place la première ala de compositeurs, qui permet encore aujourd’hui aux écoles d’arborer une identité musicale marquée.
C’est encore Mangueira qui a introduit la sonorisation des sambas de enredo, en 1961, ouvrant alors un âge d’or musical des écoles de samba (années 1960-1970).
2007 est une année de crise pour l’école.
Sous l’impulsion du président de la batterie, Ivo Meirelles, les femmes sont pour la première fois acceptées dans la batterie. Si cela parait évident, la décision a crée beaucoup de tumulte (milieu macho le samba ?).
Au même moment, est élue une reine de batterie qui pour la première fois n’est pas issue de la communauté. Remous.
Ensuite, peu avant l’enregistrement du samba de l’année, Jamelão, puxador mythique de l’école depuis 1949, tombe malade (il décédera un an plus tard). Son remplaçant, Luizito, alors inconnu, n’arrive pas à la cheville du Maître, et souffre lui-même de problèmes de santé. Il fera tout de même le carnaval.
Au démarrage du défilé, Beth Carvalho, soutien inconditionnel de l’Estação Primeira depuis des années, se voit refuser l’accès au char dans lequel elle tentait de monter, car sa présence n’était pas prévue.
Autre grand du monde de la chanson, Nelson Sargento, renonce au dernier moment à prendre part au cortège (dans lequel lui était prévu), sa femme et son fils n’ayant pas reçu les fantasias promises par l’école.
Le deux cas, survenus indépendamment le même jour, font d’après les critiques, état du manque de respect des dirigeants envers les personnalités qui soutiennent et supportent l’école depuis de nombreuses années.
Alimenté par tous ces événements, le malaise est palpable dans et hors de la communauté mangueirense.
Pire encore, c’est alors que naissent les accusations de collusion entre la diretoria de l’école et les milieux de la drogue (on découvre même en 2011 un tunnel qui relie la quadra aux bidonvilles avoisinants)
En 2008, Mangueira termine à la 10e place du classement.
Après le carnaval de 2009, Ivo Meirelles reprend la présidence de l’école et promet de réformer les instances de l’école. Il remplace le carnavalesco, le mestre-sala, la porta-bandeira, crée un trio de puxadors. Le tout redonne une impulsion au grêmio qui remonte dans le classement alors qu’on en était à craindre la relégation en groupe A (2011, 3e).
En 2012, toujours innovante, la batterie s’arrête de jouer pendant près de deux minutes, une éternité !, pour chanter, au cours d’un défilé qualifié d’historique par les critiques (même si l’école ne finit qu’en 7e position).
En 2013, nouvelle révolution, Mangueira présentera deux baterias lors du défilé !
Malgré son histoire sulfureuse, l’école n’en finit pas de fasciner et d’émerveiller, notamment par la force de son rythme unique et de sa culture, des plus traditionnelles.
L’hymne de l’école est connu de tous : Hino de exaltação à Mangueira.
Le site de l’école : http://www.mangueira.com.br
Caractéristiques musicales :
Le surnom “Bateria Surdo Um” vient du fait que les surdos de marcation ne frappent pas les temps impairs. Tous jouent à l’unisson sur le 2 et le 4. Seules les terceira viennent couper à la croche.
La phrase de caisse est aussi très caractéristique et extrêmement énergique.
Samba 2013 : « Cuiabá, um paraíso no centro da América »
Dernière victoire : 2002