Découvrir… GRES Estacio de Sa - Misto Quente

Découvrir… GRES Estacio de Sa

Le 13 octobre 2014 : Actus | Étiquettes : , , | No comments

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Pour développer l’histoire du Grêmio Recreativo Escola de Samba Estácio de Sá, il faut remonter aux débuts des écoles de samba, pour s’intéresser à la plus ancienne d’entre elles, Deixa Falar.

 

Mais je croyais que c’était Portela les plus vieux ?

 

En jouant sur les mots, on peut débattre longtemps sur qui de Portela, Mangueira, ou Estàcio de Sà est la plus vieille école.

Si on tente de clarifier les choses :

– Portela est considéré comme le plus vieux groupe, en dépit de nombreux changements de noms.

– Estácio de Sá, est considéré comme la plus vieille école car Deixa Falar, l’ancêtre d’Estácio a été le premier à se qualifier en tant que tel, en délivrant un enseignement à l’image d’une école traditionnelle..

– Mangueira est la plus vieille école existante, dans le sens où elle n’a jamais cessé son activité, ni changé de nom depuis sa création

 

Mais au fait, il y avait quoi avant les écoles de samba ?

 

Fin 19e, début 20e, à Rio, il existait des regroupements carnavalesques, les ranchos. Ces ranchos défilaient en procession à l’occasion du carnaval, au son d’une marcha-rancho, ou marchinha. Il s’agissait alors de formations d’instruments à vent et à cordes essentiellement. Parmi les processionnaires, on trouvait un roi et une reine, un mestre pour l’harmonie, un pour le chant, un pour la danse. Un élément fondamental était le drapeau du rancho qu’il fallait protéger : si un autre groupe venait à s’emparer de l’étendard, c’était l’humiliation assurée. Le garant de la “sécurité” du drapeau devait donc danser et surveiller en même temps. Ce personnage est resté dans la culture des écoles de samba, c’est le mestre-sala (sauf qu’aujourd’hui il ne porte plus de rasoirs sur lui pour attaquer les malandrins).

 

Si les origines de ces ranchos sont incertaines (plusieurs théories s’affrontent), c’est en tout cas au début du 20e que l’engouement est né pour ces formations festives qui présentaient un vrai spectacle écrit, à la façon d’une pièce de théâtre, ou d’un opéra, au point qu’une compétition a été créée en 1911 pour élire le meilleur défilé.

 

Et Deixa Falar dans tout ça ?

 

Le 12 août 1928, alors que les ranchos battaient leur plein, fut fondée une école de samba dans le quartier d’Estácio, dans laquelle était délivré un enseignement (contrairement à Portela ses premières années). La structure a duré très peu de temps, participant aux carnavals de 1929, 1930 et 1931 avec Mangueira ou Portela.

En 1932, alors que se tient le premier concours des écoles de samba de Rio, organisé par le journal Mundo Sportivo, l’agremiação n’y prend pas part et défile dans la catégorie des ranchos. Sans réel succès : elle ne sera même pas notée.

Des querelles d’argent signent la fin de Deixa Falar le 29 mars 1932. L’école s’unit au bloco União das Cores pour créer l’União do Estácio de Sá.

 

Malgré sa disparition prématurée, Deixa Falar aura imprimé le modèle d’école de samba, que s’approprient rapidement tous les grêmios et qui reste une référence aujourd’hui.

 

Et comment on arrive à Estácio de Sá ?

 

En parallèle de Deixa Falar, plusieurs écoles ont vu le jour, dans le quartier d’Estácio, comme Paraíso das Morenas, Recreio de São Carlos (1929) ou Cada Ano Sai Melhor (1928).

En 1955, ces trois écoles fusionnent, donnant naissance à Unidos de São Carlos. A l’origine, les couleurs de l’écoles étaient le bleu et blanc, très traditionnels. En 1965 furent adoptées les couleurs de Deixa Falar, l’école pionnière : le rouge et le blanc.

A partir de 1968, l’école se hisse au niveau des meilleures en entrant en première division. Pendant 20 ans, elle oscille entre le meilleur et le pire, plusieurs fois championne, mais plusieurs fois en lanterne rouge également.

En 1983, le GRES Unidos de São Carlos devient GRES Estácio de Sá, pour s’adapter à sa communauté, qui venait d’au-delà des limites de São Carlos, quartier dans le quartier. Estácio de Sá, qui a donc donné son nom au morro, est en fait le nom du fondateur de la ville de Rio.

Avec les années 90, l’école accède au groupe spécial, dans lequel elle évolue avec la réputation d’une école légère et irrévérencieuse, mais sans jamais arriver à inquiéter les plus grandes écoles. Toutefois en 1993, Estácio ravit le titre de champion à Mocidade, l’école favorite cette année-là … avant de replonger dans le classement. En 1998, c’est le retour dans le groupe d’accès, puis la deuxième division.

 

En 2005, championne du groupe B, et championne du groupe A l’année suivante, l’école revient dans le groupe spécial en 2007, pour être à nouveau reléguée.

 

En 2011, l’enredo présenté est Deixa Falar, a Estácio é isso aí. Eu visto esse manto e vou por aí. Avec ce thème, Estácio de Sá revendique sa filiation en droite ligne de Deixa Falar. C’est dans cette optique que l’école adopte la date de création de cette dernière.

Et pourquoi “Berço de Samba” ?

 

Le quartier d’Estácio est reconnu par la communauté sambiste comme étant le berceau d’origine du samba carioca.

Les botequins (petites épiceries) qui se sont développées au cours du 19e siècle autour de Praça Onze ont attiré toutes sortes de voyous (malandros) de la région, dont certains excellents sambistes. C’est ainsi que petit à petit s’est installée une culture musicale dans le quartier populaire d’Estacio. Deixa Falar a ainsi émergé d’une population de chômeurs et de travailleurs précaires. La malandragem (population des malandros) s’est développée, et avec elle les écoles de samba.

Les grands noms qui ont fait les premières heures de Portela ou Mangueira sont passés par le quartier d’Estácio.

Le site de l’école : http://www.gresestaciodesa.com.br

 

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Dernière victoire en groupe spécial : 1992